Andy Project | Textes de vie

Andy. My name is Andy

>>> J’ai connu une fille qui souriait comme si rien ne la blesserait jamais. Une fille qu’on pourrait qualifier d’impure mais toujours déconneuse quoi qu’il se passe dans sa vie. Une fille tellement démolie qu’elle avait complètement abandonné l’idée d’être un jour une femme. Qui a tellement fumé et bu qu’elle se retrouvera détruite à à peine un tiers de sa vie. Une fille vivant chaque jour comme s’il était le dernier. Qui fond en larme aussi facilement qu’elle peut éclater de rire. Ouais. Une fille qui a perdu toute estime de la vie, qui se fout complètement de l’impression qu’elle fait aux autres. Une fille libre.

Andy. Comment la décrire en juste quelques lignes ? Elle est ce genre de personne qu’on ne peut pas décrire avec des mots. Je dirais bien qu’il faut la voir pour la croire, et croyez-moi, elle n’a pas que des bons côtés. Pour commencer, elle est bornée, très bornée. Une vraie tête de con dans le domaine. Elle est très fière d’elle aussi, mais sans être vantarde. Voyez par exemple quand elle sourit, elle a ce genre de petit air « Crois même pas que tu peux me blesser. ». Je pense qu’elle est plutôt bien dans ses baskets, si je puis dire. Dans tous les cas elle n’a pas grands remords à raconter sa vie aux gens qui lui demandent. C’est ce genre de fille qui peut sembler con dans le sens qui fait son possible pour emmerder le monde mais qui, quand on la connait mieux est bien plus intéressante qu’elle ne le parait. Elle est simple, pas compliquée pour un sou. Elle ne vous aime pas ? Vous le saurez. Elle vous adore ? Oh, vous le saurez aussi. Peut-être qu’elle ne vous sautera pas au cou mais vous aurez droit à des dizaines de petits regard complices, de sourires et de pleins de petites attentions. Andy, elle est susceptible. Si quelqu’un la rembarre un peu trop, alors elle se vexera. Oh elle ne vous le montrera pas mais à l’intérieur elle vous aura bien tué dix-huit fois, par contre si ce n’est pas très grave alors elle vous pardonnera aussi vite. De même, si vous commencez à l’engueuler alors elle pleurera. Oui, elle pleurera. Ses yeux deviendront tous rouges, ses joues rougiront et ses dents mordilleront ses lèvres. Quand on la voit faire, c’est drôle. Andy, quand elle est heureuse elle a les yeux qui pétillent et des faussettes aux coins des lèvres. Quand elle a peur, elle ferme les yeux. Quand elle est triste, elle pleure. Quand elle est en colère, elle est frustrée et vous montre que vous la saoulez. Quand on lui parle de ce qui lui est arrivée avant, elle déballe tout. Enfin, dans les grandes lignes quoi. C’est le genre de personnes qui aime les méchants dans les histoires, qui essaye de les comprendre et qui pleure pour eux. Elle est sensible, vraiment très très sensible. Disons que c’est une fille facile. Pas dans le sens « la fille qui couche avec tout le monde », plutôt dans le genre de la fille qui est facile à comprendre, avec qui il est facile de s’entendre.

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Un réverbère clignote, hésitant à déverser sa lumière sur la rue que personne ne traverse. Adossée contre un des multiples containers tu te contentes de regarder passer les gens près des bateaux. Un bateau de pêche est revenu au port, tous les hommes à bord commencent à descendre, laissant leurs marchandises aux bons soins des gens qui s’en occupent. Tu te mords la lèvre, qu’est-ce que tu fous là ? T’as que 16 ans et te voilà à attendre des marins en quête de bon temps comme de multiples putes à la mini-jupe aguicheuse. Dans ta tête tout s’inverse et se mélange. Ouais, t’as besoin de manger, de payer ton loyer, d’économiser pour ta vie future. Mais tu penses surtout à ces lettres qui te sont envoyées depuis quelques années. Des lettres provenant d’un même expéditeur : Pensionnat Prismver.

Un homme arrive, coupe court à tes pensées. « C’est combien ? » Tu lèves la tête et le regarde, toujours cette même question dans ta tête, mais qu’est-ce que tu fous là. T’entrouvres la bouche prête à répondre un prix, prête à tout laisser tomber derrière-toi. Est-ce qu’on peut faire tomber l’honneur en même temps que d’enlever un soutien-gorge ? T’as personne à sauver, il n’y a personne derrière-toi alors pourquoi tu fais ça ? Une larme se risque au bord de ta paupière, t’as les yeux qui brillent. « Désolé, je ne suis pas à vendre. »
C’est bien jeune fille, tu n’es pas faite pour ces jeux dangereux

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La poussière s’envole et se redépose dans le placard de la cuisine. Du thon et de la macédoine, encore les mêmes choses. Le jour d’avant c’était carottes râpées. Le micro-onde a été vendu, il fallait que tu te contentes de peu. T’y pensais encore, ça te rendait malade. Dois-je me vendre ? Niveau âge ça le faisait avec ta carte d’identité falsifiée. Niveau tête … là ça le faisait moins. Quand tu fermais les yeux tu le voyais encore, ce marin un peu débraillé qui te regardait comme s’il voulait te bouffer. Ça te ruinait tes nuits et te dévorait le moral. Que faire ? Que faire ? Que faire ? Le pire c’est qu’au fond tu le savais. « Une nuit, puis deux et trois et ce sera bon, je vais tout redémarrer à partir de ça. Partir au pensionnat grâce à cet argent, apprendre à contrôler le don. Recommencer. »

Alors tu t’es décidée, t’as pris ton courage à deux mains et t’es connectée sur un de ces sites dont je ne pourrais même pas vous parler, et t’as posté un sujet, un message, une photo. C’est là que tout s’est foutu en branle. Des gens, des réponses, des rendez-vous. Ouais, ça s’est fait aussi simplement. T’as tout fait pour ne pas penser à ce que tu faisais

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Tu ne peux même pas imaginer combien je souffre. J’écris ton prénom du bout de ma plume et, rien que de le voir ainsi sur du papier, tout me revient en mémoire. La première fois que je t’ai vue, tu étais adossée contre le mur de mon université. Ouais, je me souviens, tu fumais une clope avec un air un peu rebelle. Nos regards se sont croisés et ce fut le coup de foudre. Mais à sens unique, c’est que ça ne tombe pas forcément sur deux personnes, la foudre. C’te saloperie ça fend les nuages alors que le ciel est bleu et ça te fait sauter tout le système en ne laissant qu’une image en tête : toi. Ton regard s’est détourné quelques secondes après qu’il ait croisé le mien. Et moi je suis resté là, comme un con. Si j’étais une vidéo, une inscription serait apparue sur ma face avec marqué « le plug-in a sauté ». Romantique, non ? Pas trop en effet … Pff, avec tout ça je viens à en oublier pourquoi je t’écris. Après tout cela en vaut-il la peine ? Je suis sûr que tu ne te souviens même pas de moi. Après tout je ne suis qu’un homme parmi d’autres. Combien en as-tu vu t’enlacer ? Combien se sont endormis contre toi, certains d’avoir trouvé leur âme sœur ? Ouais, je le sais déjà, que tu ne les comptes même plus, et que de toute façon ce n’est pas un chiffre que l’on peut compter avec les doigts d’une main. Si tu savais combien tu me manques … Si tu savais le temps qu’il m’a fallu pour mettre un nom sur ton visage et pour dénicher ton adresse. T’as détruit quelques années de ma vie ma belle. Depuis ce fameux jour ton visage m’apparaît dès que je ferme mes paupières. Je veux t’oublier, je veux que tu disparaisses de ma mémoire. Mais dès que ces pensées me viennent en tête, mon cœur me fait mal. Tout serait tellement plus simple si tu revenais. Je le sais, car après tout dans les abysses où tu m’as fait sombrer, je peux toujours distinguer l’éclat de tes yeux devant les rayons du soleil, je suis toujours apte à entendre ton rire quand quelque chose t’amusais, et surtout je n’oublie pas cette sensation, celle de ta bouche contre la mienne, celle de tes bras autour de mon torse et celle de ton souffle contre ma nuque. Quand j’ai sombré dans les profondeurs de la passion à sens unique c’est ce qui m’a fait le plus souffrir. Le fait que je t’aime encore.

Andy, tu m’as jeté un sort. Et chaque mot écrit dans cette lettre reflète ce que je pense en ce moment. J’ai jamais cru en une quelconque magie, mais quelque chose me dit qu’elle existe, quelque part sur cette terre. Des gens croient en ça, comme certaines personnes croient en un dieu. Je pense aussi que je suis fou. Mais peu importe !

S’il te plait, libère-moi ou p

Loïc Walker

PS. Mon adresse est écrite sur un papier dans l’enveloppe. Réponds-moi, quelle que soit ta réponse.

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